Proposer des aménagements sur les équipements existants pour pouvoir réutiliser l’eau (récupérer, traiter, l’utiliser pour d’autres usages) sur le CHU de Bordeaux, c’est ce qu’a fait récemment SAPOVAL dans son étude « eau et énergie » avec son partenaire OPTIM’ENR.
Comment identifier les postes les plus consommateurs d’eau et d’énergie ? Comment optimiser le matériel pour le rendre plus performant ? Et surtout, est-ce qu’il existe des solutions concrètes pour économiser de l’eau et de l’énergie dans une structure de santé de cette taille ?
Retour sur l’étude réalisée pour le CHU de Bordeaux
Nous en sommes tous informés : les postes de dépenses liés à l’eau et à l’énergie dans toutes nos structures ne vont faire qu’augmenter dans les années à venir.
Alors imaginez les difficultés que ces augmentations ont pour les hôpitaux, et par conséquent sur la prise en charges de nos problèmes de santé. Entre les contraintes liées à la gestion budgétaire, les normes strictes à respecter dans le cadre de la santé humaine, et la règlementation toujours en évolution…
Cela peut faire peur et pourtant, conscient de ces enjeux et souhaitant étudier les possibilités techniques permettant sa transition environnementale le CHU de Bordeaux nous a sollicité à ce propos.
Ainsi, SAPOVAL en collaboration avec le bureau d’études énergéticien OPTIM’ENR se sont penchés sur les solutions concrètes pour y faire des économies globales. Retour sur une de nos études réalisées en fin d’année dernière pour le CHU de Bordeaux.
A noter : cette étude a été lauréate de l’appel à projets EC’EAU porté et soutenu par l’Agence de l’Eau Adour Garonne et la région Nouvelle-Aquitaine.
Identifier les postes les pus consommateurs d’eau et d’énergie
Lorsque nous sommes intervenus pour réaliser notre étude au 2ème semestre 2022, les responsables du CHU (Centre Hospitalier et Universitaire) de Bordeaux avaient déjà identifiés en interne 3 des postes les plus consommateurs d’eau et d’énergie sur le groupe hospitalier le plus important du CHU, celui de Pellegrin : le service de dialyse, celui de la stérilisation centrale, et l’exploitation des tours aéroréfrigérantes (TAR).
En effet, même si celle-ci est cohérente au regard de sa taille, l’hôpital de Pellegrin a une consommation d’eau non négligeable (de l’ordre de 21 000 m3 d’eau/ an) que nous nous sommes proposés pour étudier avec eux toutes les solutions concrètes possibles pour :
- Réduire les rejets d’eaux usées à la source,
- Recycler les eaux de bonne qualité avec un juste traitement
- Réutiliser les eaux usées pour de potentielles applications réglementairement autorisées,
Vous avez sûrement reconnu ici le 3 R de l’économie circulaire.
Nous parlons donc eau…et parlons énergie aussi ! Pourquoi lier les 2 ? Pour avoir une vue plus globale des optimisations possibles, et réfléchir aux solutions les plus responsables tant d’un point de vue environnemental que technique et économique. Aborder ces 2 sujets en parallèle permet une prise de recul nécessaire pour générer une valeur maximisée.
C’est dans cet objectif que nous avons avec notre partenaire, OPTIM’ENR, souhaité apporter nos compétences et connaissances complémentaires sur ces 2 sujets connexes et ainsi permettre outre la réalisation d’économies d’eau et/ou d’énergie, la récupération de calories dans les effluents de différentes manières.
Ensemble, nous partageons ces valeurs dans nos recherches d’innovations : l’intégration de nouveaux procédés respectueux de l’environnement, qui permettent des économies de coûts d’exploitation, d’investissements, et augmentent la rentabilité de nos clients.
SPOILER ALERTE : l’étude a montré que des économies et une meilleure rentabilité sont possibles au CHU de Bordeaux, en travaillant sur ces 2 aspects de manière combinée.
Optimiser le fonctionnement des appareils
Même si une démarche en interne avait déjà été entamée pour optimiser le fonctionnement des appareils, nous avons pu les accompagner pour faire le tour complet des solutions possibles à propos des 3 applications visées.
Comment ? En récoltant toutes les données disponibles en premier lieu. Ensuite en réalisant une campagne de mesure (qualité et quantité d’eau). Ceci a permis d’identifier les réutilisations d’eau possibles et proposer les solutions technico-économiques les plus plausibles.
Pour la partie énergie c’est la même démarche : il s’agit alors essentiellement de collecte de données. Identifier les possibilités de récupération de chaleur pour pouvoir la réutiliser et les solutions qui permettent d’économiser à la source.
Par exemple, les TAR (pour Tours Aéroréfrigérantes) sont un des usages les plus consommateurs d’eau et d’énergie. L’idée est de mettre en place des technologies différentes, donc plus économe en eau et avec possibilité de valoriser l’énergie.
Nous avons aussi pu mettre en avant la démarche de dialyse verte : Le procédé d’hémodialyse sauve de nombreux patients en insuffisance rénale chaque année mais c’est aussi un poste consommateur d’eau dans tous les hôpitaux. Les spécialistes du domaine réfléchissent de plus en plus donc aux solutions globales pour réduire l’impact notamment hydrique de cette technique.
Les difficultés rencontrées, les solutions trouvées
Une des difficultés rencontrées a été de proposer des solutions techniques évidemment en adéquation avec les possibilités réglementaires actuelles, mais surtout qui pouvaient structurellement s’intégrer dans les bâtiments complexes et espaces réduits disponibles du site tout cela sans impacter bien sûr les garanties qu’un tel établissement doit apporter dans la qualité et la continuité de service inhérent à son activité.
Nous avons dû fournir tous les éléments décisionnels pour que les responsables du CHU évaluent la pertinence de ces solutions – en prenant en compte les données règlementaires ou de politique interne en termes de renouvellement du matériel.
Les postes d’économie d’eau et d’énergie identifiés sont spécifiques aux hôpitaux. Nous avons donc utilisé une méthodologie d’étude applicable à tout type d’industrie que nous connaissons déjà bien (agroalimentaire, chimique, céramique etc.), pour l’adapter à ce secteur spécifique.
En ce qui concerne la réutilisation de l’eau, là aussi nous nous sommes adaptés. En effet, l’eau issue des process interne de stérilisation, même après désinfection ne peut pas être réintroduite dans le circuit en interne en raison des risques infectieux. Nous avons donc étudié et proposé les solutions de réutilisation plus globales au niveau de l’hôpital et/ou voire de personne tierce telles que la collectivité locale (suite à une concertation collective à mettre en œuvre par la suite) comme pour le lavage de sol, l’irrigation en extérieur.
Des résultats encourageants
Dans le cas de cette étude, nous avons chiffré 9 solutions techniques différentes. Tout cela pour proposer des approches différentes, plus ou moins globales et complexes à mettre en œuvre et cela tout en mettant en perspectives les coûts d’investissements et les économies générées.
Les résultats proposés globalement sont encourageants. Les solutions proposées permettraient à l’hôpital de réaliser jusqu’à :
- 83% d’économie d’eau sur les applications visées
- 73% d’économie de gaz
- 4183 MWh d’électricité supplémentaire
Comme à chacune de nos études, nous nous basons sur notre expérience pour poser les bonnes questions, notre réseau de partenaires (bureaux d’études connexes, constructeurs et fournisseurs de matériel et de solutions clé en main, …), et nous cherchons à aller un peu plus loin que les solutions génériques imaginables en premier lieu.
A Bordeaux, cette étude nous permet aujourd’hui d’avoir une revue de solutions techniques sur les potentiels d’économies d’eau et d’énergie autour de différents services identifiés dans les hôpitaux. Les investissements nécessaires pour cela sont évidemment non négligeables mais sont en cours d’étude par les équipes du CHU pour avancer dans la mise en œuvre de tels projets.
Source : https://www.laregion.fr/Appel-a-projets-EC-EAU-Economie-Circulaire-de-l-Eau
La dyalise verte : https://www.youtube.com/watch?v=Q2Lzu9IeuKs
https://ite.sorbonne-universite.fr/la-dialyse-verte-une-demarche-ecologique-en-milieu-hospitalier